11 / 04 / 2021

Notice bibliographique

Céline COUCHOURON-GURUNG, Les Témoins de Jéhovah en France, sociologie d'une controverse

Paris, L'Harmattan, 2011, 264 p. (bibliographie)

ISBN : 978-2-296-14023-3

 

Philippe BARBEY

 

Référence électronique

Philippe BARBEY, « Les Témoins de Jéhovah en France, sociologie d'une controverse », Archives de Focus sociologique de sciences sociales des religions [En ligne], 11 avril 2021. URL : https://focussociologique.jimdofree.com/chercheurs-occasionnels/c%C3%A9line-couchouron-gurung-2007/

© Archives de Focus sociologique

 

COUCHOURON-GURUNG (Céline).

Les Témoins de Jéhovah en France. Histoire d'une controverse. Paris, L'Harmattan, 2011,

264 p. (bibliographie).

 

Cet ouvrage est issu d'une thèse de doctorat en Sociologie menée sous la direction de Danièle Hervieu-Léger. Cette thèse a été soutenue en 2005 à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales - EHESS. Elle s’intitulait : "Les controverses religieuses en démocratie : le cas des Témoins de Jéhovah." On note que Couchouron-Gurung était censée travailler sur les controverses en démocratie. Cependant, son travail finit par être publié comme étant une étude sociologique sur les Témoins de Jéhovah.

 

D'emblée, l'auteure nous prévient : "Nous sommes conscients que quelques scories subsistent dans cet ouvrage. Vu l'utilité du contenu, nous prenons le risque de l'éditer ainsi et nous comptons sur votre compréhension." (p. 2). C’est plutôt osé pour la publication d'une thèse qui a été soutenue. Et de fait, le ton est ainsi donné.

 

Après avoir expliqué sa démarche de travail de recherche, Couchouron-Gurung donne la parole au Président de la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France - FCTJF qui lui fait remarquer qu' "une controverse ne nait jamais sans individus qui la provoquent." (pp. 10-11). Ainsi, la controverse n'est pas le fait des Témoins de Jéhovah, mais bien de leurs opposants. C'est donc chez eux que Couchouron-Gurung va puiser ses arguments.

 

L'auteur fait d'abord un historique généraliste sur la laïcité à la française (Ch.1). Elle présente ensuite ses 'acteurs', principalement 'une famille monoparentale Témoin de Jéhovah de la banlieue nord de Paris, une mère de 56 ans et sa fille de 15 ans', des associations antisectes et un député socialiste (Ch.2). Elle commente le rapport parlementaire de 1995 sur les sectes en France et la Commission de 1999 (qui n'ont pas et n'ont jamais eu une quelconque valeur légale), le rôle des médias (qui ont mis de l'huile sur le feu, le sensationnel étant leur fond de commerce), puis prétend modéliser une controverse. Nous sommes déjà à la page 107 et le première partie intitulée 'Les coulisses de la controverse' est terminée.

 

Commence la deuxième partie 'La gestion de la controverse par les Témoins de Jéhovah'. Couchouron-Gurung rappelle que les Témoins de Jéhovah ont modifié leurs statuts pour se conformer à la loi de 1905, ont revendiqué légitimement leur place dans l'espace public, se sont défendus en justice contre les accusions grossières portées contre eux et qui cherchaient à salir leur réputation, au niveau national et international (Ch.1). Les Témoins de Jéhovah se sont mieux fait connaitre auprès du public et ont même eu recours à des experts indépendants (Ch.2 et 3). Couchouron-Gurung au passage jette le doute sur l'indépendance de Jean Baubérot et d'Émile Poulat (p.181)...

 

La troisième et dernière partie, 'Vers un règlement de la controverse', explique que les Témoins de Jéhovah voulaient obtenir le statut d'association cultuelle, qu'ils l'ont d’ailleurs obtenu sur la base de l’arrêt du Conseil d’État de 2000. Des députés, principalement socialistes, adossés à des associations antisectes ont voulu s'y opposer par une campagne calomnieuse envers les Témoins de Jéhovah. Enfin, l'absence patente de trouble à l'ordre public de la part des Témoins de Jéhovah a été actée par le Ministère de l’Intérieur. De fait, si quelqu'un troublait l'ordre public, ce n'était pas les Témoins de Jéhovah, mais bien leurs opposants (Ch1).

 

La défaite du camp anti-Témoins a provoqué un affaissement des associations antisectes, certaines d'entre elles étant même dissoutes. Les opposants aux Témoins de Jéhovah se sont alors rabattus sur Internet et ont très vite saturé le web de leur propagande anti-Témoins. "Les opposants aux Témoins de Jéhovah sur le web sont en effet extrêmement bien organisés." (p.242) (Ch.2).

 

Le chapitre 3 parle d'un 'bilan mitigé des Témoins de Jéhovah'. Couchouron-Gurung confond les rôles. En effet, ce ne sont pas les Témoins de Jéhovah qui ont provoqué la controverse dont elle parle, ils n'ont fait que la subir. Ce sont bien leurs opposants qui l'ont provoquée. Or, pour eux, le bilan est désastreux. D'ailleurs, la suite l'a démontré : Les Témoins de Jéhovah bénéficient aujourd'hui de la grande reconnaissance, c'est à dire des mêmes droits que les cultes en France, comme par exemple l’Église catholique. Les associations antisectes quant à elles ont quasiment disparues. Il reste leur écrits propagandistes sur le net.

 

Dans sa conclusion, Couchouron-Gurung reconnait que 'la stigmatisation des Témoins de Jéhovah vient surtout de la dénonciation publique par les associations antisectes et les médias, dénonciation qui s'accorde mal avec les valeurs républicaines mais qui sont néanmoins permises.' (p.262). De leur côté, en se défendant et en gagnant devant les tribunaux, les Témoins de Jéhovah ont créé une importante jurisprudence.

 

"Internet devient donc un terrain d'observation privilégié des affaires (sic) liées aux Témoins de Jéhovah et si son utilisation nécessite beaucoup de prudence, il peut aussi revêtir un grand intérêt pour les sociologues." (p.264).

 

 

" Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ", disait Beaumarchais.

 

Depuis la publication de sa thèse en 2005, Céline Couchouron-Gurung a produit en 2007 un article dans les ASSR, intitulé : "Les Témoins de Jéhovah sur Internet. L’utilisation du web dans la mobilisation des acteurs d’une controverse." - https://journals.openedition.org/assr/9433?lang=en

Depuis, plus rien.