RACHEL GENEST

Maîtrise d’Études du Religieux Contemporain,

Centre d’Études du religieux Contemporain,

Université de Sherbrooke, Canada,

a écrit une thèse de Mastère 2

sur la place des femmes chez les Témoins de Jéhovah

https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/9769

 

Rachel Genest a préparé une maîtrise d’Études du religieux contemporain à l'Université de Sherbrooke, au Canada. Son mémoire de maîtrise peut être assimilé en France à un DEA ou à la Thèse de Diplôme en Sciences des Religions de la Cinquième section de l’École Pratique des Hautes Études - EPHE Sorbonne.

https://www.usherbrooke.ca/religieux-contemporain/programmes/deuxieme-cycle/maitrise-en-etudes-du-religieux-contemporain/

 

Sa thèse parue en 2016 s'intitule :

"Statut des femmes chez les Témoins de Jéhovah : regard sur les fonctions, rôles, obligations, droits et devoirs sur le plan de la vie privée et de la vie publique."

 

Son travail a été publié mais peut être aussi lu en ligne

https://savoirs.usherbrooke.ca/bitstream/handle/11143/9769/Genest_Rachel_MA_2016.pdf?sequence=3&isAllowed=y

Les travaux de Rachel Genest sont fort intéressants pour la compréhension des Témoins de Jéhovah. C'est certainement la première fois qu'un chercheur s’intéresse spécifiquement à la place des femmes Témoins de Jéhovah. A ce titre, ce travail de recherche est vraiment très original et éclairant.

 

Dans son avant-propos, Rachel Genest fait une mise au point, possible au Canada mais qui serait impossible en France. Elle déclare en effet ne pas être, ni n’avoir jamais été, une Témoin de Jéhovah, mais dit avoir été élevée dans une famille appartenant à un "nouveau mouvement religieux fondamentaliste". La loi française sur la séparation des Églises et de l’État et sur la stricte neutralité de l’École interdit formellement une déclaration de ce genre. Elle impose cependant la neutralité axiologique des recherches universitaires.

 

Elle fait ensuite une seconde mise au point : "Je ne cherchais pas à tenter de prouver coûte que coûte que les femmes dans ce milieu religieux subissent une discrimination fondée sur leur genre. Au contraire, mon intention était de laisser la place à la science pour étudier ce mouvement, rendre compte de comment les femmes qui font partie de ce groupe sont perçues par les dirigeants des Témoins de Jéhovah et comment elles-mêmes se voient en tant que membre Témoins de Jéhovah. Je voulais donner une voix aux femmes de ce groupe." Pas question pour elle de sombrer dans la stigmatisation et de racoler sur internet. Cette démarche de travail est la bienvenue sur ce genre de sujet où la controverse stérile peut très vite s'installer, ce que d'ailleurs Rachel Genest relève (p.10).

 

Dans son introduction, Rachel Genest présente ses sources et son plan. Elle s"inspire des sociologues francophones, en l’occurrence français, spécialistes des Témoins de Jéhovah. Elle cite nommément Philippe Barbey, Régis Dericquebourg et Bernard Blandre, et décrit leurs travaux (p.13). Dans son chapitre 1, l'auteure fait l'historique de la place qu'ont progressivement occupé les femmes chez les Témoins de Jéhovah, en tenant compte du contexte social des différentes époques qu’elle aborde. Elle rappelle les racines chrétiennes des Témoins. Elle évoque les persécutions que les femmes Témoins de Jéhovah ont enduré en Allemagne nazie. Elle décrit l'implantation progressive des Témoins de Jéhovah au Canada et les mauvais traitements qu'il ont subis particulièrement au Québec sous le gouverneur Duplessis.

 

Elle imagine, à partir de ses sources, à quoi devait ressembler la vie des jeunes femmes Témoins de Jéhovah dans les années 1970 et comment la doctrine du mouvement pouvait les influencer.

 

Dans son chapitre 2 intitulé "La femme Témoin de Jéhovah sous la loupe des chercheur(e)s". Elle cite les travaux de Lucie noël, une chercheuse québécoise, d'une australienne anglophone Myriam Hughes et de Philippe Barbey (p.74). Elle termine en analysant la condition de la femme Témoin de Jéhovah dans le domaine médical et juridique.

 

Son chapitre 3 s'intitule "Les représentations sociales et méthodologie de la recherche". Elle veut y définir le concept de représentations sociales appliqué aux femmes Témoins de Jéhovah. Elle reprend Durkheim. Elle fait l'analyse de contenus de La Tour de Garde, la revue officielle d'étude biblique du mouvement des Témoins de Jéhovah, en rapport avec son sujet, selon l'approche de L’Écuyer.

 

Elle livre ses conclusions dans ses chapitres 4 et 5. La femme Témoins de Jéhovah est pratiquante, elle lit la Bible, elle prie, elle participe au culte. Elle cultive la chasteté. Elle est la gardienne de son foyer. Elle évangélise beaucoup. Elle n'est pas encouragée à faire de longues études. Elle a un esprit communautaire, elle est conviviale et hospitalière. Elle s'habille avec modestie et pudeur. Rachel Genest se propose de vérifier ses conclusions sur le terrain, dans une assemblée québécoise des Témoins de Jéhovah.

 

Elle rédige un questionnaire anonyme qui est approuvé par le comité d'éthique de la recherche des Lettres et sciences humaines (Ch.6). 'Loin de se sentir infériorisées, les femmes acceptent d’avoir des rôles différents que ceux des hommes. Elles ne voient aucune hiérarchisation genrée. Entre les membres, hommes et femmes, il n’y a qu’une simple division, une séparation dans les tâches afin qu’il règne dans le groupe une certaine forme d’harmonie. Notre impression générale des données recueillies dans les questionnaires est qu’il s’agit d’un groupe qui est fidèle aux enseignements qu’il reçoit.'

 

Rachel Genest conclue son étude en en faisant une synthèse. Et elle termine : "Le rôle du chercheur est parfois ingrat. Il ne peut que se contenter (et en être fier pourtant) d’être celui qui aura pris une photo de la pointe de l’iceberg. Notre mémoire se veut un reflet du statut des femmes [Témoins de Jéhovah] à une époque donnée, à un lieu précis et une ouverture pour d’éventuelles recherches sur les femmes faisant partie de ce mouvement."

 

Rachel Genest est actuellement enseignante à San Antonio au Texas, États-Unis.